Charlène Jamet : « J’ai créé un média qui me ressemble » 🎹
Le sujet de l’innovation dans les médias me tient particulièrement à cœur car il fait écho à mon propre parcours orienté vers le journalisme et le numérique. Se lancer dans l’aventure entrepreneuriale avec un projet éditorial n’est pas une mince affaire. Charlène Jamet le sait très bien mais a cru dans la valeur ajoutée de son projet WeeKult. Ce média d’information pour les mélomanes passionnés de musique hip-hop, jazz ou encore afro-fusion souffle sa première bougie cette année. Charlène nous parle ici de son expérience journalistique et du lancement de WeeKult.
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Bonjour Charlène, ravie de t’accueillir pour cette interview. Pour commencer peux-tu nous parler de toi et de ton parcours ?
Hello. Si je devais résumer mon parcours, je dirais qu’il est… atypique ! À l’âge de 18 ans je voulais devenir interprète. Après un bac en sciences et technologies, j’ai débuté une première année d’études à l’université catholique de l’Ouest en LLCE (Langues, littératures et civilisations étrangères et régionales). J’ai compris que ce n’était pas pour moi, alors j’ai changé de voie. J’ai pu compléter ma licence par un master en communication à l’université de Bordeaux. Diplôme en poche, je suis rentrée en Martinique pour commencer ma vie professionnelle. C’est ainsi que j’ai eu ma première expérience de free-lance en tant que rédactrice.
« En quête de liberté éditoriale. »
Comment vois-tu cette expérience avec le recul ?
Ça n’a pas été une période simple puisqu’elle s’est terminée par un burn-out. Pour tourner la page, j’ai décidé de partir 6 mois à Chicago afin de suivre un cursus dans une Business School. J’ai à nouveau questionné ce que je voulais faire et je me suis tournée vers le journalisme à ce moment-là. A mon retour en Martinique, j’ai pu suivre à distance les cours de l’ESJ Paris, avec une spécialisation dans le web.
J’ai travaillé pendant 10 ans en tant que journaliste pigiste pour divers titres de presse en ligne, et ce dans un contexte pas toujours évident. Sur Facebook je faisais partie d’un groupe de journalistes francophones qui partagent des offres d’emploi. C’est ainsi que j’ai vu l’annonce de Pilote Média, un incubateur de Start-Up qui recrutait des journalistes pour un projet d’innovation. Ça m’a tout de suite intéressée, moi qui étais en quête d’une liberté éditoriale.
« L’incubateur Pilote Média propose un accompagnement de 3 mois avec des professionnels du journalisme et du digital.»
Comment s’est déroulée la sélection pour intégrer l’incubateur ?
Il fallait envoyer sa candidature sans forcément avoir un projet très précis. Ce qui compte le plus c’est la personnalité et la motivation des candidats. L’incubateur Pilote Média propose un accompagnement de trois mois avec des professionnels du journalisme et du digital pour monter son projet média de A à Z. En janvier 2019, j’ai donc déménagé en Belgique pour trois mois très intenses mais passionnants. C’est ainsi que j’ai pu créer un média qui me ressemble.
Comment as-tu développé le concept de WeeKult ?
Il m’a fallut du temps pour le mûrir. En tout cas, je savais que je voulais faire un projet autour de la musique car ça a toujours fait partie de ma vie. Je fait partie de ceux qu’on nomme les diggers. J’adore aller à la découverte de nouveaux talents, des artistes underground qu’on n’entend pas à la radio.
J’ai toujours eu une forte appétence pour les musiques du continent africain. Mon média s’adresse à une communauté de professionnels du milieu ainsi qu’à des mélomanes. Trouver le bon format n’a pas été simple. On reçoit beaucoup d’informations lors de la formation et il faut savoir choisir ce qui est le mieux pour notre projet. C’est en échangeant avec les autres que j’ai pensé à créer une newsletter de partage de playlists et d’informations sur l’industrie.
« Je me consacre entièrement à mon activité et je compte bien continuer, malgré ce contexte difficile pour la culture.»
Quel bilan un an après le lancement de ta première newsletter, as-tu trouvé ton modèle économique ?
La première newsletter a été lancée fin mai 2019. Aujourd’hui je veux faire évoluer le projet vers une plateforme de veille et d’information sur l’univers de la musique alternative. Le modèle économique c’est le nerf de la guerre dans l’entrepreneuriat. Alors oui, il faut l’adapter au contexte et y réfléchir chaque jour.
Celui que j’ai choisi consiste à proposer un accompagnement pour les artistes indépendants qui veulent se lancer. Aujourd’hui je travaille avec des associations d’artistes pour aider les jeunes talents. Je me consacre entièrement à mon activité et je compte bien continuer, malgré ce contexte difficile pour la culture. Le confinement m’a permis de me rapprocher de ma communauté sur les réseaux sociaux. J’ai pu lancer le groupe Facebook « la Quarantaine musicale », en diffusant des lives d’artistes.
« Un journaliste free-lance c’est comme un entrepreneur.»
Penses-tu que l’entrepreneuriat devrait être enseigné dans les écoles de journalisme ?
Selon moi c’est indispensable. Un journaliste free-lance c’est comme un entrepreneur. Il doit pitcher son sujet, travailler avec diverses rédactions et décliner son travail pour différents supports. Inclure des sessions pédagogiques autour de l’innovation éditoriale peut-être un vrai plus. Des bonnes idées il y en a partout, il faut cependant trouver un concept qui répond à un besoin et qui puisse être monétisé. Pour cela, il faut parfois mettre de côté sa casquette éditoriale et s’entourer de personnes compétentes dans des domaines comme le marketing, le développement web. Les incubateurs sont les lieux parfaits pour cela.
✨ Où retrouver Charlène :
Sur WeeKult.
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